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DES PREUVES EXTRABIBLIQUES SUR LA VIE ET LA CRUCIFIXION DE JÉSUS
Je suis convaincu que la bible a son origine en Dieu (2 Tim.3:16). Bien que les sceptiques croient que les narrations bibliques ne sont pas supportées par des évidences historiques. Mais, dans le cadre de cette réflexion, nous allons présenter des preuves externes qui supportent l’évidence des narrations bibliques. Il faut dire, en passant, que Dieu pour transmettre sa parole n’a pas utilisé une sorte de langage mystérieux auquel l’esprit humain ne peut accéder. Loin de là ! Il utilise en revanche le langage humain, c’est-à-dire les différents genres littéraires normalement utilisés par les humains, pour se révéler à nous. Cela dit, quand nous lisons les textes historiques, les épîtres (les lettres), il faut les étudier dans leur genre spécifique. Pour ainsi dire, Dieu entre dans l’histoire pour révéler son plan à l’humanité. Il a utilisé environ quarante auteurs d’origines géographiques différentes pour rédiger, dans des genres différents, son message pour le monde. Par le fait qu’il utilise les humains et leur histoire pour mettre sur papier son plan (Bible), il est possible de trouver des évidences archéologiques et historiques venant supporter ce qui est écrit dans la Bible. Cependant, ce que je suis en train de soutenir ne semble pas être évident pour certains. C’est ainsi que nous trouvons des gens qui tentent de prouver le contraire eu égard à la tendance des sceptiques évoquée au début, et sur laquelle je vais donner plus de détails.
 
Cette tendance soutenant que les évidences historiques ne peuvent pas étayer les faits bibliques, a ses racines dans le temps passé lointain et a été formellement systématisée dans les années 70-80 par un courant de pensée en histoire appelé le “Minimalisme”. L’un des exemples pris par les tenants de cette dernière pour asseoir leur perspective était l’existence du “Roi David”  comme personnage mythique.
 
Par ailleurs, il faut dire que cette nouvelle tendance avait permis le développement de ce que l’on appelle une archéologie biblique qui allait avoir comme objet d’investiguer sur les lieux et sur les personnages bibliques rapportés dans la Bible. Ainsi, ce débat prenait chair sérieusement jusqu’à  ce que, pour le cas de l’histoire du roi David, le chercheur archéologue, Avraham Biran de “Hebrew Union College” soit intéressé lui-même à investiguer sur l’existence historique du Roi David. En 1993, il avait découvert une inscription araméenne datée du neuvième siècle avant Jésus-Christ à Tel Dan, dans le nord d’Israël, qui contenait une déclaration écrite par l’ennemi d’Israël dans laquelle on fait référence à la maison du Roi  David. Il y avait d’autres découvertes qui ont affirmé l’existence historique du Roi David, comme l’excavation sur la frontière d’Israël et Philistine à Khirbet Qeiyafa qui a bel et bien prouvé la dynastie du personnage. Ainsi, le travail archéologique de Biran avait clos ce débat (Joseph M. HOLDEN, Norman GEISLER, 2013;   K.A. Kitchen, 2003).
 

Jésus de Nazareth: du mysticisme à l'évidence historique

Des débats controversés ouverts sur l’existence historique de Jésus-Christ sont nombreux. Je pourrais même dire qu’ils sont encore plus intenses sur Jésus-Christ de Nazareth que sur David que nous venons de présenter et n’importe quel autre personnage biblique de l’Ancient Testament. Mais je veux, en réalité pour faire vite, présenter succinctement ici la position de Michel Onfray, un fameux philosophe athéiste français, qui soutient la thèse que Jésus est un personnage mythique que nous allons par la suite analyser. Sa position résume l’une des tendances parmi les autres. Selon lui, Jésus est un personnage conceptuel ou mythique inventé par certains juifs pour prêcher aux pauvres. Dans le processus de la confirmation de son hypothèse, le philosophe Onfray a fait deux considérations qui valent la peine d’être reprises ici. Premièrement, il a neutralisé les données historiques trouvées dans les deux ouvrages de deux grands historiens de l’Antiquité qui sont en faveur de l’existence historique de Jésus (Flavius Joseph et Tacitus), en disant que ce sont les copistes qui ont ajouté ces faits car ils n’étaient pas dans le texte original. Deuxièmement, pour affirmer son hypothèse de l’invention de Jésus, il a mobilisé les histoires de plusieurs philosophes grecs, tels que Socrate, Anaxagore, Pythagore, Empédocle. Ainsi a-t-il déduit le sens comparatif comme suit : l’annonce de l’ange Gabriel et la naissance de Jésus par une vierge à l’histoire de Platon ; la considération de Jésus comme fils de Dieu à celle de Pythagore ; les miracles opérés par Jésus à ceux du philosophe présocratique Empédocle ; les annonces de prédiction de Jésus à celles d’un autre philosophe présocratique appelé Anaxagore ; l’inspiration de Jésus par Dieu à celle de Socrate qui a été lui-même inspiré par un démon ; la nuit passée par Jésus avant sa mort à une nuit passée par Socrate avant sa mort ; la résurrection de Christ dans trois jours à celle de Pythagore après 207 ans.
 
La perspective développée par Michel Onfray se situe dans une tradition de pensée appelée : le Mysticisme. Cependant, il serait important de questionner les considérations de Onfray elles-mêmes. Pourquoi ce sont  spécifiquement les passages qui se portent sur l’existence de Jésus que les copistes ont-ils ajouté? Et si c’était courant que les copistes falsifiaient les textes en ajoutant leurs propres idées personnelles, pouvons-nous croire dans la fiabilité des textes anciens que les gens étudient dans les grandes universités du monde actuellement? Sachant que Michel Onfray a aussi effectué des travaux de recherche sur des philosophes de l’Antiquité avant Jésus-Christ, devons-nous croire qu’il a travaillé sur des personnages mythiques pour soutenir ses idées athéistes? Ou du moins, comment arrive-t-il à identifier les ajouts des copistes qui n’étaient pas dans les textes originaux?
 
En effet, la majorité des historiens spécialistes ayant investigué sur l’existence historique de Jésus ont affirmé le contraire de la thèse de Onfray. D’ailleurs, ils ont reconnu que les textes de Flavius et Tacites sont authentiques et les ont cités comme des documents fiables. Cela amène à dire que Michel Onfray, par malhonnêteté intellectuelle, a voulu dissiper les évidences historiques présentées par ces historiens qui viennent supporter l’existence réelle de Jésus-Christ de Nazareth au profit de sa position idéologique. Pour ainsi dire, on a affaire à un individu qui veut à tout prix défendre sa position idéologique en sacrifiant la vérité historique. Celle-ci peut être sacrifiée, tordue, mal représentée et rejetée, mais elle restera inchangée. Mais Flavius Joseph, que dit-il exactement concernant Jésus qui lui a valu l’amputement d’une partie de son œuvre? En expliquant comment Ponce Pilate dirigeait la ville de Jérusalem sous le règne du roi César, Flavius a introduit de la manière suivante l’histoire de Jésus qui a vécu pendant cette époque:
 
Maintenant, il y avait, en ce temps, Jésus, un sage homme, s’il est légitime de l’appeler un homme; car il était un faiseur de miracles, un enseignant de quelques hommes qui recevaient la vérité avec plaisir. Il a attiré vers lui à la fois un grand nombre de juifs et des païens. Il était [le] Christ. Et quand Pilate, sous la suggestion des principaux hommes parmi nous, l’avait condamné à la croix, ceux qui l’aimaient ne l’avaient pas abandonné, quand cela était arrivé. Il apparaissait à ces derniers le troisième jour de sa résurrection, comme les prophètes divins avaient prédit ces choses et dix milles autres merveilleuses choses le concernant. Et la tribu des chrétiens, ainsi nommé de lui, ne sont pas éteints à ce jour (Flavius, p.965). 
 
Dans ce texte de Flavius, il est important de remarquer qu’il n’a pas uniquement fait mention du ministère de Jésus au temps de Pilate, mais il parle également de sa crucifixion et de sa résurrection. Il est à noter par ailleurs que Flavius n’était pas un Chrétien qui défendait Jésus. Il était un savant historien. Néanmoins, il ne pouvait pas ignorer ce fait important pendant le règne de Pilate à Jérusalem. Dans cette même ligne de réflexion, Gary Habermas, l’un des grands spécialistes sur la question de la vie, la crucifixion et la résurrection de Jésus, a présenté des sources extrabibliques qui viennent supporter la vie et la crucifixion de Jésus de Nazareth. Particulièrement, dans le chapitre neuf de son ouvrage, il a passé en revue dix-sept sources dans lesquelles il a analysé les écrits des grands historiens et des documents officiels de l’antiquité qui ont supporté de manière convaincante la thèse de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ. Il a mentionné Tacitus, Flavius, mais il a fait également référence à Suetonius, Thallus, et pour la documentation officielle, il a travaillé sur des écrits de  Pliny Le Jeune, Empereur Trajan, Empereur Hadrian et Empereur Lucian pour ne citer que ceux-là (Habermas, 2011, pp.181-228).
 
Dans cette même ligne d’investigation historique  sur la vie et la crucifixion de Jésus, un professeur historien spécialiste en histoire antique, Bart Ehrman, étant d’ailleurs un sceptique qui ne croit pas lui-même dans la résurrection, affirme qu’il y a plus de documents historiques sur l’existence et la crucifixion de Jésus de Nazareth  que sur n’importe quel autre personnage de son époque. Il affirme que tous les éminents savants historiens de l’Antiquité sont unanimes sur ce fait là (Ehrman, 2012: 12). Et il continue pour dire qu’il ne peut aucunement faire semblant d’ignorer l’évidence historique au profit des intérêts idéologiques ; Jésus a bel et bien existé (Ehrman, 2012: 338).
 

En  guise de conclusion: de la résurrection de Jésus comme fait

Mais qu’en est-il de la résurrection? S’il est vrai que les historiens sceptiques refusent de l’avouer parce qu’ils disent que le devoir de l’historien n’est pas d’étudier le fait miraculeux, cependant, un aspect les a intéressés, c’est le tombeau vide.  Ne pouvant pas ignorer non plus les évidences historiques sur le tombeau, où Jésus a été enterré, retrouvé vide, certains soutiennent que le corps de Jésus a été volé par ses disciples. Mais, le problème qui se pose concernant cette perspective, c’est que cela parait impossible que des gens affirmaient sans aucun doute que Jésus se présentait à eux après sa résurrection jusqu’à accepter d’être mis à mort. La résurrection de Jésus est le message central de la prédication de Pierre, d’Etienne, de Jean, de Paul et de Jacques ; le message pour lequel ils étaient mis à mort.  Par ailleurs, quand nous lisons l’introduction des livres de Luc (évangile selon Luc et des Actes des apôtres), un historien qui est classé dans la lignée des historiens gréco-romains parce que ces ouvrages ont respecté scrupuleusement les critères de l’époque, il faut remarquer que l’auteur a fait mention de sa démarche de recherche qui lui a permis de trouver des faits convaincants. Et Luc a mentionné et a rapporté la résurrection de Jésus. Pour continuer, la conversion de Paul et de Jacques, selon Harbermas, deux sceptiques qui se sont convertis à Christ après sa résurrection, est un fait assez convaincant pour supporter la résurrection de Christ. Quand les historiens non sceptiques analysent 1 corinthiens 15, dans lequel Paul défend la résurrection de Christ qui est la base même du message du christianisme, ils soutiennent que c’est un texte suffisant en lui-même pour défendre la résurrection de Christ. Même les historiens sceptiques trouvent des preuves convaincantes que cette épître est de Paul. Il est un fait que la résurrection de Christ est un fait miraculeux, mais il y a des évidences historiques convaincantes pour permettre de la retracer comme vérité historique.


Mauley Colas
Socio-antropologue
Ecrivain, chercheur



Notes de références

EHRMAN, Bart, Did Jesus Exist: The Historical Argument for Jesus of Nazareth, New York: Harper Collins publishers, 2012.
FLAVIUS, Josephus, “Antiquities of the Jews (book XVIII)”, in Josephus: the complete works, Grand Rapids, MI: Christian Classics Ethereal Library, (SD), pp.964-967.
HABERMAS, Gary R., The historical Jesus: ancient evidence for the life of Jesus, Missouri: College Press Publishing Compagny, 2011.
HOLDEN, Joseph M., Norman GEISLER, The popular handbook of archaeology and the Bible, Eugene: Harvest House publishers, 2013.
K.A. Kitchen, On the reliability of the Old Testament, Michigan/Cambridge: William B. Eerdmans publishing Company/Grand Rapids, 2003.
ONFRAY, Michel, L’invention de Jésus [Fichier audio]. Récupérée https://youtu.be/7QZ3o6yDjxQ (consulté le 27 octobre 2015).
TACITUS, The Annals: the reigns of Tiberius, Claudius and Nero (translated by J. C Yardley with an introduction and notes by Anthony A. Barrett), New York: Oxford University press, 2008.
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