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Réponse de Dr Lesly Jules à certaines objections de Dr Jean Fils-Aimé

"Réponds à l'insensé selon sa folie, Afin qu'il ne se regarde pas comme sage."

                                                                                                                                       Proverbes 26 : 5

Docteur Lesly Jules, un apologète chrétien, dans une réponse élaborée au Dr Jean Fils-Aimé sur les propos tenus par ce dernier lors de son passage en Haïti, en date du 12 avril 2017, à l`émission du journaliste Valéry Numa sur Radio Vision 2000 intitulée : Invité du Jour. 

 

Lien  de l`émission : https://m.youtube.com/watch?v=D38DO8-hqlQ

 

Durant cette émission, Dr Fils-Aimé s’est présenté comme un homme de science et d’histoire, mais la teneur de son intervention n’avait rien de scientifique ni de base historique fiable. Il a donc fait plusieurs déclarations sur la foi Chrétienne. Il a parlé doctement de sujets qu’il ne maitrise pas vraiment sinon qu’il n’a pas exercé une lecture assez critique de ses sources. Ainsi, Dr Jules, par souci de répondre adéquatement aux déclarations qu`il croit être une dérive ou une méconnaissance de la Vérité de la part de l`intervenant, se propose de faire jaillir la lumière sur les propos de ce dernier synthétisés en sept (7) énoncés:

 

  1. Il n’y a rien d’historique dans la Bible.

  2. Les récits de la Bible ne sont que plagiat des textes plus anciens qui existaient à Babylone ; les récits de la Bible ne sont donc qu’un ramassis de légendes ou de mythes.

  3. Il n’y a rien qu’on puisse connaitre sur Jésus sinon que ce qui est dit de lui dans la Bible.

  4. Le concept Dieu n’est qu’une fabrication.

  5. Il existe une intelligence supérieure dans l’univers avec qui on ne peut pas entretenir des relations.

  6. Un chrétien peut être vodouïsant s’il souhaite renouer avec ses origines.

  7. Jésus n’est pas mort pour mes péchés mais il est mort en tant que blasphémateur.

 

Il convient donc de répondre péremptoirement à ces élucubrations, non pas pour approuver  l`allure  de celui qui les a tenues, mais pour faire sentir la différence immense qu`il y a entre ce qui est vrai et ce qui ne l`est pas.

 

1. Il n’y a rien d’historique dans la Bible

 

C’est une déclaration qui relève de l’opinion personnelle de l’intervenant et qui ne fait pas l’unanimité parmi beaucoup d’hommes de lettres et d’historiens de renom. Il faudrait commencer par se poser la question à savoir pourquoi la Bible figure-t-elle dans les rayons des livres historiques dans la Bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis ? Les Pères Fondateurs de cette nation se sont-ils trompés sur le compte de la Bible ou Dr. Fils-Aime vient-il de faire la découverte du siècle pour parler aussi doctement ?

 

À cette déclaration, pour y répondre,  il convient de comprendre la relation intime qui a toujours existé entre l’Archéologie et la Bible. 

 

L’archéologie est une science un peu spéciale. La physique et la chimie peuvent conduire des expérimentations et recréer le processus à l`étude pour les observer encore et encore. L’Archéologie ne peut pas faire cela. Elle ne dispose que des évidences du passé et seulement au moment où les civilisations ont existé.

 

Elle étudie les singularités du passé et non les régularités du présent. Puisqu’elle ne peut pas recréer les évènements, alors ses conclusions ne sont pas appréciées de la même façon que les autres sciences. L’archéologie essaie de fournir des explications plausibles et probables pour les évidences qu’elle trouve. Elle ne peut pas créer des lois comme la physique, alors ses conclusions sont souvent sujettes à révision. La meilleure explication est celle qui explique l’évidence de manière consistante.

 

Durant les années, elle a mis en lumière l’historicité et la signification de nombreux récits Bibliques.  Il semble même exister une relation mutuellement bénéfique entre l’archéologie et l’étude de la Bible. En effet, les faits ne s’interprètent pas par eux-mêmes. Leur signification provient généralement de leur contexte. Les évidences archéologiques dépendent donc de plusieurs aspects : le contexte, la date,  l’endroit, le matériel et le style. De plus, leur compréhension dépend aussi des suppositions du chercheur et de son point de vue. Donc, ce ne sont pas toutes les interprétations qui seront tendres envers le Christianisme.

 

Quoiqu’il existe des questions auxquelles on n`a pas encore de réponses et d’autres qui resteront sans réponse, la conclusion générale demeure : L’Archéologie confirme l’historicité de l’Ancien Testament pas seulement de façon générale mais aussi dans beaucoup de détails précis. Mais Dr. Fils-Aimé affirme le contraire ; Ce qui nous amène à sa deuxième parole.

 

2. Les récits de la Bible ne sont que plagiat des textes plus anciens qui existaient à Babylone ; les récits de la Bible ne sont donc qu’un ramassis de légendes ou de mythes

 

Dr. Fils-Aimé n’est pas le seul à qualifier de mythes les récits Bibliques. Il y a comme lui, Jacques Lacarrière qui, dans son livre « Au cœur des Mythologies », abonde dans le même sens mais sans fournir de preuves réelles sinon des analogies fallacieuses. Genèse 1 :11 (le récit de la Création) est perçue typiquement comme un récit mythologique dérivant de certaines versions antérieures trouvées au Proche Orient.  Cependant, l’Archéologie a démontré que les tentatives de discréditer la Bible pour ces choses sont prématurées.

 

Dr. Fils-Aimé qui puise à la source de Lacarrière, je présume, s’est seulement contenté de noter les similitudes entre la Genèse et les histoires de création des cultures anciennes ; cependant, les différences sont très significatives.

 

Les similitudes porteraient à croire que Moïse aurait plagié les anciens récits légendaires mais les similitudes ne sont que superficielles. Les récits Babylonien et Sumérien décrivent la création comme la résultante d’un conflit entre les dieux finis ; Et que l’homme serait le produit d’un mélange du sang d’un dieu méchant et de l’argile. Quoique plus anciens que la version Hébraïque, ces récits polythéistes semblent un embellissement des faits de la Genèse.

 

Les récentes découvertes sur les récits de la Création à Ebla (Syrie) sont une autre confirmation. Cette bibliothèque de près 17,000 tables antidate le récit des Babyloniens de plus de 600 ans. La table de la Création présente une ressemblance surprenante avec la Genèse quand elle fait référence à un Être qui créa les cieux, la terre, la lune et les étoiles.

 

Les habitants de Ebla croyaient dans la création ex nihilo (à partir de rien). Ceci prouve que c’est la Bible qui présente la version des faits la moins embellie et raconte les faits sans aucune altération d’ordre mythologique.

Comme pour la Création, le récit du Déluge dans la Genèse peut se présenter de façon plus réaliste que mythologique en comparaison à certains autres récits comme l’Epopée de Gilgamesh. Dans ces récits, les noms ont changé (Noé devint Zi sûdra pour les Sumériens et Utnapishtim pour les Babyloniens).  Il fut dit à Noé de construire un bateau en prévision d’un déluge. Il offrit des sacrifices après le déluge et les dieux remplis de remords, traitent une alliance avec lui.

 

L’histoire d’un déluge est répétée chez les Grecs, les Hindous, les Chinois, les Mexicains, Les Hawaïens, etc. Pour les Sumériens, le déluge était fait réel en évoquant cette catastrophe naturelle qui élimina la royauté de dessous du ciel.

 

Toutes ces versions contiennent des élaborations contrairement au récit de Moise. Seulement dans la Genèse trouve-t-on l’année du Déluge ainsi qu’une chronologie en rapport à la vie de Noé. Au fait, la Genèse se lit comme un journal de bord.

 

La forme cubique du vaisseau Babylonien n’aurait pas garantie la vie sauve aux passagers en contraste à la forme rectangulaire de celui de Noé dans la Genèse (Ge 6 :15). De plus, une pluie de 7 jours selon le récit Babylonien n’aurait pas pu engendrer un déluge avec des eaux s’élevant à 17,000 pieds couvrant des montagnes. Aussi, l’idée selon laquelle les eaux disparurent après 1 jour est totalement absurde. Dans les autres versions nous voyons Noé devenir immortel alors que la Bible le présente comme quelqu’un qui pèche (en s’enivrant de vin, Ge 9 :20-21) par la suite. Seulement une version qui cherche à dire la vérité inclurait une telle chose. Jugez par vous-même.

 

Pour ce qu’il s’agit de la période des Patriarches, des codes de loi ont été retrouvés du temps d’Abraham démontrant pourquoi le patriarche hésitait de mettre Agar à la porte, car il devait légalement la supporter. Seulement quand une loi plus haute venant de Dieu l’exigea qu’il acceptât de le faire. Le Coran reconnait aussi l’existence du personnage en tant que père d’Ismaël, de qui allait descendre la nation Arabe.

 

Les 5 villes en rapport à Sodome & Gomorrhe selon Genèse 14 ont été retrouvées. Elles étaient, en fait, des centres commerciaux. Leur destruction est attestée en rapport à un tremblement de terre qui provoqua l’éruption d’un bassin d’huile en dessous de la mer morte, l’explosion engendra une pluie de feu et de souffre. 

Le timing d’un tel évènement en rapport à l’avertissement et aux anges visitant laisse transpirer une implication divine.

 

Après la période des Juges, les évidences archéologiques sont devenues excessivement claires pour ce qu’il s’agit de la connaissance des auteurs Bibliques des sujets en question.

 

Quand on arrive dans le Nouveau Testament, les évidences historiques vont de pair avec les récits. Ces évidences sont notamment : la véracité historique de Luc, les témoignages des historiens séculiers et les évidences physiques en rapport à la crucifixion.

 

Le récit de Luc (Evangile selon Luc et Actes des Apôtres) était, auparavant, questionné car il citait des noms d’officiels que nul ne connaissait. Aujourd’hui, les évidences historiques ou archéologiques vont dans le même sens.

 

  • Gallion (Actes 18 :12-17) était perçu comme impossible. Cependant, une inscription à Delphi note le nom exact de l’homme du temps où Paul était à Corinthe.

 

  • Lysianas Tétrarque de l’Abilène (Luc 3:1). Cet homme était inconnu des historiens modernes jusqu’à ce qu’on trouve une inscription dans le cadre de la dédicace du temple qui mentionne son nom, son titre et sa position.

 

  • Eraste (Actes 19 :22) est présenté comme un Corinthien qui devint compagnon de Paul. Si Luc faisait des inventions, personne ne le saurait. Mais dans une excavation à Corinthe on trouva une inscription près du théâtre lisant : « Eraste en retour pour son aide a pavé la route de ses propres fonds ». S’il s’agit des mêmes hommes, on peut comprendre la signification d’un homme aussi influent et riche qui, s’étant converti, a donné sa vie au ministère de Paul.

 

  • Au total, Luc cite 32 pays, 4 villes et 9 îles sans commettre la moindre erreur.

 

Pour ce qu’il s’agit du livre des Actes des Apôtres, les évidences historiques sont écrasantes. Toute tentative visant à rejeter sa base historique est carrément absurde (A.N. Sherwin-White). Quant au fameux archéologue William F. Albright : « Toutes les critiques radicales du Nouveau Testament qui ont existé alors et aujourd’hui relèvent de la pré-archéologie car elles sont sans fondement ».

3. Il n’y a rien qu’on puisse connaitre sur Jésus sinon que ce qui est dit de lui dans la Bible

 

L’une des mauvaises conceptions populaires veut que Jésus ne soit mentionné nulle part ailleurs à l’exception de la Bible. Au contraire, il existe de nombreuses références à Jésus en tant que personnage historique qui mourut sous la dictée de Ponce Pilate.

 

Certains notent aussi qu’il fut reporté pour être ressuscité des morts et fut adoré comme Dieu par ceux qui le suivaient.

 

Tacitus

Publius Cornelius Tacitus est un célèbre Historien et un homme politique romain qui a vécu entre 55-120 AD. Son œuvre est féconde et admirée de Lamartine et de Montesquieu. Né environ 50 ans après le Christ, il publie ses Annales vers l’an 115 et là il fait au moins 3 références concernant le Christ. Pour commencer, il explique comment Néron a blâmé les Chrétiens pour le feu qui a brulé Rome.

 

Christus, nom à partir duquel les Chrétiens se font appeler, a souffert la peine capitale durant le règne de Tibère aux mains d’un de nos procurateurs, Ponce Pilate, et il y avait une superstition surprenante le concernant qui gagna la Judée et même  Rome.

 

Suetonius

Le secrétaire en chef de l’Empereur Adrien (117-138 AD), écrit : « Après le feu extraordinaire à Rome…une punition pas moins extraordinaire fut infligée aux Chrétiens, une secte qui professe une nouvelle croyance religieuse”. Il note aussi que Claude expulsa les Juifs de Rome en l’an 49 à cause d’une émeute “à l’instigation de Chrestus ».

 

Ceci explique pourquoi Aquilla et Priscille, qui avaient rencontré Paul à Corinthe, ont dû laisser leur maison en Italie. 

 

Joseph

Le général d’armée et historien juif Flavius Joseph qui a travaillé pour les Romains au premier siècle fit la description suivante de Jésus :

En ce temps-là existait un homme sage appelé Jésus. Sa conduite était vertueuse, il était connu comme un homme de bien. Et plusieurs parmi les Juifs et les autres nations devinrent ses disciples. Pilate le condamna à être crucifié et mourir. Et ses disciples ne l’ont pas pour autant abandonné. Ils affirment qu’il leur est apparu 3 jours après la crucifixion et qu’il était vivant ; et donc, il était peut-être le Messie sur lequel les prophètes avaient parlé avec tant d’émerveillement.

 

Joseph n’était pas un croyant, mais le fait que ni lui ni ses contemporains n’ont rejeté la Résurrection est un fait marquant. Si le tombeau était encore scellé, il l’aurait mentionné. Au contraire, il le présente comme la croyance des Chrétiens, sans commentaire.

 

Le Talmud

Le commentaire rabbinique sur la Torah présente une note intéressante sur Jésus :

 

A la veille de la Pâque Yeshua fut pendu. Pendant 40 jours avant la crucifixion, un messager cria : Il sera lapidé pour avoir pratiqué la sorcellerie et induit Israël dans l’apostasie. Celui qui veut se prononcer en sa faveur, qu’il s’avance. Mais, puisque nul ne s’est prononcé en sa faveur il fut pendu à la veille de la Pâque.

 

Puisque la peine capitale était interdite aux Juifs, alors la mort par les Romains n’était autre que la crucifixion.

 

Le décret de Nazareth

Une dalle de pierre fut retrouvée à Nazareth en 1878. Il s’agit d’un décret venant de l’Empereur Claude (41-54 AD), à savoir aucun tombeau ne doit être perturbé et aucun corps ne doit être extrait ou déplacé. Un décret pareil est non seulement inhabituel mais aussi suspect ou intriguant car le coupable doit essuyer la peine capitale pour avoir violé un sépulcre.

 

En temps normal, une amende suffirait mais la mort pour avoir perturbé un tombeau n’a aucun sens en dehors des faits antérieurs. Il se pourrait que Claude eût entendu parler de la doctrine Chrétienne de la Résurrection en investiguant l’émeute de l’an 49 et donc a voulu prendre des mesures pour éviter que cela ne fasse surface à nouveau.  Ceci est en accord avec Mathieu 28 :11-13 sur l’allégation du vol du corps de Jésus par les disciples.

Pourquoi un tel interdit s’il ne concerne une inquiétude légitime des Romains quant aux remous qu’aura provoqués la résurrection de Jésus ? Ceci est un argument significatif en faveur de la résurrection de Jésus.

 

4. Le concept Dieu n’est qu’une fabrication

Cette affirmation est souvent présentée comme une grande découverte par les tenants de cette école de pensée à laquelle Dr. Fils-Aimé prête allégeance. Oui, il s’agit bien d’une école de pensée car jusqu’ici la science moderne n’a pas su prouver que Dieu n’existe pas. Car il n’existe aucun argument scientifique contre l’existence de Dieu. Les arguments que certains, qui se disent scientifiques, mettent en avant ne sont que des arguments philosophiques. Si Dr. Fils-Aimé dans sa sagesse pense le contraire, je l’invite cordialement à fournir ses arguments scientifiques.

 

Ce qu’il faut comprendre c’est qu’à l’origine, la philosophie était la discipline qui, associée à la théologie, fournissait des arguments en faveur de l’existence de Dieu par rapport aux conceptions dominantes, notamment le spiritualisme et le mysticisme. Durant les périodes modernes et contemporaines, la philosophie s’est dissociée de la théologie pour s’intéresser au développement des sciences et des techniques.

 

Avec les sciences et les techniques de nouveaux raisonnements sont utilisés pour expliquer la réalité. Ce qui dans le temps était expliqué à partir de réflexions animistes l’est aujourd’hui par une réflexion beaucoup plus méthodique. Je suis d’accord que ce « Dieu » ou ces « dieux » qui servaient de prétexte à tout ce qui n’était pas expliqué jadis n’était autre chose qu’une fabrication. C’est ce « Dieu » qu’on appelle « The God of the Gaps », le Dieu des Lacunes. La science moderne a bel et bien mis à mort et enterré ce Dieu-là. À propos, cette expression « Dieu des Lacunes » est une invention des théologiens Chrétiens et non des athées. Nous pouvons expliquer beaucoup de phénomènes naturels par le biais de recherches empiriques et par un raisonnement méthodique.  

 

Le raisonnement méthodique est généralement associé au développement de la pensée scientifique et technique. Ce type de raisonnement est en plein essor depuis que Descartes a soutenu l’importance de fonder la connaissance sur des critères vérifiables et objectifs.

 

Quoique le raisonnement méthodique soit à la base de nombreux progrès scientifiques, il est limité dans sa capacité à saisir la totalité de la réalité. Il est difficile d’employer un raisonnement méthodique pour décrire des phénomènes tels que la beauté, l’amour, la liberté, le bonheur, etc. qui échappent à un modèle de compréhension trop spécifique.

 

Si le raisonnement méthodique peut faire une description physique (phusis/nature) de la réalité telle qu’on la voit généralement dans les sciences de la nature, il peut difficilement décrire une réalité de type métaphysique (méta/au-delà, phusikê/physique). De telles réalités ne sont approchables que par un raisonnement subjectif ou spéculatif.

 

D’une manière générale, le raisonnement méthodique est de l’ordre du comment, tandis que la réflexion spéculative cherche à savoir pourquoi. Cette dernière s’interroge sur le sens des réalités. Marc Twain disait déjà, les deux jours les plus importants de votre vie sont : le jour où vous êtes né et le jour où vous savez pourquoi.

 

Une société humaine où la recherche du sens et du pourquoi des choses est absente, est difficile à concevoir. L’homme serait transformé en un robot et conditionné à un raisonnement pratique, quotidien, sans contenu réflexif. Nous sommes venus de rien, par rien et pour rien. – ce qui constitue peut-être un moyen élégant de proclamer, au final, une espèce d’agnosticisme à la manière de l’évangile que prêche Dr. Fils-Aimé.

 

À l’inverse, une société où tout raisonnement méthodique est absent devient une société peu évoluée, surtout sur le plan technique, condamnée tôt ou tard à une forme d’anarchie décadente en raison de la pensée animiste qui conduit à la démission ou la déresponsabilisation de l’Homme. Je dois malheureusement me ranger du côté du Dr. Fils-Aimé sur ce point. L’animisme (bondye bon) semble assez prédominant au niveau des discours de certains leaders protestants en Haïti. Mais, j’hésiterais de blâmer le Christianisme pour ces déviances car un seul facteur n’explique pas toujours la réalité. Sinon, il faudrait expliquer les progrès surprenants de la plupart des économies capitalistes fondées sur des valeurs Judéo-Chrétiennes.

 

Mais c’est là que Dr. Fils-Aimé et ses sources douteuses ont péché. Quand on applique un raisonnement méthodique à une réalité métaphysique on se perd naturellement. De même qu’il est mal avisé d’expliquer un fait naturel par le surnaturel, il est tout aussi mal avisé d’expliquer un fait surnaturel par le naturel.

 

Ce principe était parfaitement compris des scientifiques comme Louis Pasteur (Bactériologie),  Blaise Pascal (Hydrostatique), Johannes Kepler (Astronomie), Isaac Newton (Physique) et William Kelvin (Thermodynamique), tous des Créationnistes (et des Chrétiens) qui ont su établir une distinction entre causes primaire et secondaire. Apparemment, Dr. Fils-Aimé dispose d’une sagesse supérieure à la leur.

 

Une cause primaire est une cause première qui explique les singularités – faits qui ne se réalisent qu’une seule fois et qui n’ont aucune explication naturelle. Les causes secondaires, par contre, sont des causes naturelles et des lois qui gouvernent la façon dont les choses opèrent normalement, notamment les régularités.

 

Les singularités et les régularités ne sont pas étudiées par les mêmes sciences. Les singularités sont approchées par la Science des Origines et les régularités par la Science des Opérations. 

 

La science des opérations se préoccupe de la façon dont les choses opèrent naturellement. Elle examine les phénomènes qui se sont passés et qui se répètent encore et encore. Elle cherche des réponses qui sont observables en répétant l’expérimentation. Donc, elle s’adresse aux choses répétitives, prévisibles et prédictibles.

 

Par contre, la science des origines s’intéresse aux singularités passées par opposition aux normalités présentes. Elle explore la façon dont les choses ont commencé et non comment elles fonctionnent. Elle étudie uniquement les choses qui se sont produites une seule fois, et donc, de par leur nature ne peuvent se produire à nouveau. Puisqu’elle ne peut pas répéter les faits passés pour les observer, elle procède par analogie entre les types de causalités (cause/effet) que nous observons aujourd’hui et les types de causalités à l`étude. Aussi, elle ne fournit pas de réponses définitives sinon des réponses plausibles. Par conséquent, comme la science des opérations, reconnaît que certains faits requièrent une cause intelligente, la science des origines admet tout aussi bien une cause intelligente quand les faits en présence le requièrent.

Jusqu’ici la science moderne ne peut aucunement se prononcer de façon définitive sur l’origine de l’univers ou des premières formes de vie sur la planète. Et donc ne peut conclure qu’un Dieu créateur de l’univers n’existe pas ou serait une fabrication humaine. Toute affirmation pour ou contre l’existence de Dieu est avant tout de nature philosophique. La science ne dispose pas d’outil pour intervenir dans cette sphère métaphysique.

 

Par ailleurs, nul ne peut contester la présence d’architecture ou de dessin dans l’univers ainsi que chez l’Homme. Plus le dessin est complexe, plus grande doit être l’intelligence requise pour sa conception. Une simple molécule d’ADN contient autant d’informations qu’un volume d’encyclopédie. Personne ne voit une encyclopédie pour conclure que son assemblage résulte d’une explosion produite dans une imprimerie ou le fruit du hasard ou des forces naturelles. L’univers en tant qu’effet a une cause.

 

La science moderne ou la science des opérations ne peut objectivement répondre à la question à savoir : Pourquoi existe-t-il quelque chose plutôt que rien sans se remettre à la science des origines ? Car rien ne se produit sans une Raison Suffisante.

 

Au final, la raison d’être de l’univers ne peut se trouver dans un élément particulier de l’univers, car chaque élément est contingent et donc son existence ne relève pas d’une nécessité. Même si l’univers était infini, sa raison d’être doit lui être extérieure. L’univers doit trouver une explication à son existence dans un état de choses causalement antérieur dans lequel l’univers n’existe pas. La raison d’être de l’univers doit se trouver dans un Être qui possède sa propre raison suffisante à la fois pour expliquer son existence et celle de l’univers. 

 

Dr. Fils-Aimé ne l’appelle pas Dieu mais une Intelligence Supérieure dans l’univers. Peu importe !

 

5. Il existe une intelligence supérieure dans l’univers avec qui on ne peut pas entretenir des relations

 

La question pratique qu’il convient de poser au Dr. Fils-Aimé est quelle est la relation entre cette Intelligence Supérieure et l’univers ? Est-elle à l’origine de la création de l’univers ? Si non, où était-elle avant l’univers ? Car nous sommes d’accord qu’avant l’univers il n’y avait pas de temps, de matière et d’espace. Si une telle Intelligence Supérieure doit exister, elle doit donc aussi être à la fois éternelle et transcendante.

 

De plus, l’intelligence implique le savoir, la connaissance. Par conséquent, cette Intelligence Supérieure devrait connaître des choses en dehors de notre compréhension humaine de par sa supériorité. Par rapport à nous, cet Être serait omniscient. Et s’il est à l’origine de l’univers il doit nécessairement être Tout-Puissant. Enfin, s’il n’est pas sujet au temps et à l’espace ayant causé l’avènement de ces choses, cette Intelligence Supérieure doit aussi être omniprésent. Si cette Intelligence Supérieure est à l’origine de la création des êtres humains, Il (cet Être) doit nécessairement être personnel et non impersonnel. Un tel Être ne devrait pas avoir du mal à prendre soin de sa Création et donc aussi développer une relation personnelle avec le prince de sa création, à savoir l’Homme.

 

 

6. Un chrétien peut être vodouïsant s’il souhaite renouer avec ses origines

 

Un Chrétien est par définition quelqu’un qui se réclame du Christianisme en tant que religion. Beaucoup de raisons peuvent pousser quelqu’un dans les bras du Christianisme. Mais pas toutes les raisons sont justifiées. Malheureusement, certains Chrétiens ne savent pas vraiment pourquoi ils sont Chrétiens et donc ils peuvent se retrouver dans des pratiques occultes en quête de réponses à leurs besoins et aspirations.

 

Il existe une différence fondamentale entre quelqu’un qui se dit Chrétien et un disciple de Jésus-Christ. Le disciple est un élève qui s’efforce de devenir comme son maître et lui plaire en toute chose. Le disciple de Jésus-Christ sait d’où il vient et où il va. Il n’exprimera donc pas ce désir de renouer avec une quelconque origine ancestrale car son origine est en Dieu.

 

Par ailleurs, j’ai du mal à voir dans le vaudou l’origine du peuple Haïtien. Le vaudou est de nature une religion polythéiste qu’on associe, souvent à tort, à la culture haïtienne. Ce serait comme affirmer que quelqu’un qui ne sert pas les dieux tutélaires du vodou ne serait pas Haïtien. Je pense que c’est confondre culture et religion. En parlant de dieux tutélaires, comment expliquer cette ressemblance frappante avec les dieux tutélaires de Rome, de la Grèce antique et ceux d’Haïti ?

Toute la différence entre eux semble résider dans les appellations, mais la fonction reste intacte. Doit-on aussi conclure que le vodou était la culture des Romains et des Grecs ?

 

 

7. Jésus n’est pas mort pour mes péchés mais il est mort en tant que blasphémateur

 

Dr. Fils-Aimé a absolument raison sur ce point. Jésus Christ fut mis à mort en tant que blasphémateur. La Bible, les historiens juifs et séculiers s’accordent tous sur le fait que Jésus a tenu des propos exclusifs et provocateurs qui lui valurent d’être crucifié. Mais, il convient de se demander en quoi consistait ses blasphèmes (Ici, je ferai référence à certains versets de la Bible car l’affirmation du Dr. Fils-Aimé se rapporte aussi aux faits de la Bible).

 

Jésus se présente comme YHWH de l’Ancien Testament

Jésus dit, je suis le bon berger (Jean 10 :11), or l’Ancien Testament (AT) dit que YHWH est mon berger (Psaumes 23). Jésus affirme qu’il est le juge des hommes (Matthieu 25 :31 ; Jean 5 :27) mais le prophète Joël dit que YHWH est le juge des nations (Joël 3 :12).  Jésus dit au Père de le glorifier de la gloire qu’il avait auparavant (Jean 17:5) or YHWH affirme qu’il ne peut donner sa gloire à aucun autre (Esaïe 42 :8). Jésus parle de lui-même comme étant l’Epoux (Matthieu 25 :1) or c’est ainsi que l’AT présente YHWH (Esaïe 62 :5 ; Osée 2 :16).

 

Le Christ ressuscité se présente comme l’Alpha et l’Oméga mais ce sont les mêmes mots que YHWH utilise pour se présenter aussi. Le psalmiste dit que YHWH est ma lumière (Psaumes 27 :1) or Jésus affirme qu’il est la lumière du monde (Jean 8 :12). Jésus dit : avant qu’Abraham fut JE SUIS (v. 58), et pourtant c’est le nom de YHWH (JE SUIS) – Exode 3 :14.

Jésus se présente comme égal à Dieu

Comme Dieu, il pardonne les péchés (Marc 2 :5), preuves à l’appui. Il ressuscitera les morts pour le jugement (Jean 5 :25-29) comme Dieu ressuscite les morts (V.6). Or, l’AT présente Dieu comme celui qui seul peut ressusciter les morts (1 Samuel 2 :6 ; Ps. 49 :15) et les juger (Joël 3 :12 ; Deut. 32 :35).  De plus, Jésus affirme qu’il doit être honoré tout comme le Père est honoré (Jean 5 :23) – Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas non plus le Père.

 

Pour toutes ces raisons, les Juifs cherchaient à le tuer (Jean 5 :18).

 

Jésus se présente comme le Messie –Dieu

Les qualificatifs du Messie sont clairs (Esaïe 9 :6) : Dieu Tout-Puissant, Père Éternel ; Ce qui fait que le Messie est Dieu. Psaumes 110 :1 évoque une conversation entre le Fils et le Père disant : YHWH dit à l’Éternel, assieds-toi à ma droite. Jésus applique ce passage à lui-même en Matthieu 22 :43,44.

 

Dans la prophétie messianique de Daniel 7, le Fils de l’homme est appelé : l’Ancien des Jours (V. 22). Durant toute sa vie, Jésus se fait connaître comme le Fils de l’homme. Quand on lui demande s’il est le Messie, il répond : JE SUIS. Ceci porta le grand prêtre à déchirer ses vêtements criant au blasphème (Marc 14 :61-64). Il n’y aucun doute là-dessus, le Messie de l’AT devrait être Dieu.

 

Jésus accepte l’adoration dû au Père

L’adoration d’un autre que Dieu est formellement interdite dans l’AT (Ex. 20 :1-5 ; Deut. 5 :6-9). Le Nouveau Testament (NT) est du même avis en montrant des hommes (Actes 14 :15) et des anges (Apoc. 22 :8,9) refuser l’adoration. Mais Jésus accepte d’être adoré en maintes occasions :

 

Un lépreux guéri l’adore (Mat. 8 :2) ; un jeune homme riche s’agenouilla devant Lui (9 :18) ; après avoir calmé la tempête, Il fut adoré (14 :33) ; un groupe de femmes cananéennes l’adorèrent (15 :25) ; un aveugle guéri l’adora (Jean 9 :38) ; Thomas adora le Christ ressuscité en disant mon Seigneur et mon Dieu (Jean 20 :28).

 

Tous l’adorent sans un mot de réprimande de Sa part. Ceci ne pourrait se faire qu’à une personne qui se considère Dieu.

 

Jésus affirme posséder la même autorité que Dieu

Jésus place ses mots au même niveau que ceux de Dieu : Il vous a été dit… Mais moi, je vous dis (Matthieu 5:21,22). Il le fait à plusieurs reprises. Tout pouvoir m’a été donné, dit-Il, dans les cieux et sur la terre (28:18,19). Dieu a donné les 10 commandements à Moïse mais Jésus dit : Je vous donne un commandement nouveau (Jean 13:34). Il dit : le ciel et la terre passeront mais ses paroles ne passeront point. La même remarque est faite pour la loi de Dieu (Matt 5:18 et 24:35).

 

Il n’y a aucun doute que Jésus savait que Ses paroles avaient la même autorité que celles de Dieu.

 

Jésus demande que des prières soient faites en Son nom

Tout ce que vous demandez en mon nom, je le ferai (Jean 14 :13,14 ; 15 :7). Il insista même que nul ne vient au Père que par Lui (14 :6). Non seulement a-t-il demandé à ses disciples de prier en Son nom (1 Cor. 5 :5) mais aussi de Lui adresser les prières directement (Actes 7 :59).

 

La réaction des Juifs démontre clairement leur compréhension des affirmations de Jésus ainsi que leur portée blasphématoire quand formulées par un homme. Aucun observateur sérieux ne peut contredire ces faits historiques fiables où Jésus se présente comme le Dieu de l’Ancien Testament.

 

Il convient de se demander s’il existe des raisons de croire que ses affirmations soient vraies. Quel type de preuves, Jésus a-t-il donné pour corroborer ou supporter ses affirmations qu’il est Dieu ?

 

Jésus a offert 3 lignes de preuves miraculeuses (pour lesquelles les évidences historiques ne manquent pas) pour confirmer ses affirmations d’être Dieu :

  1. L’accomplissement à son égard de nombreuses prophéties ;

  2. Sa vie miraculeuse et sans péché ; et

  3. Sa résurrection d’entre les morts.

 

Confronté aux affirmations de Jésus, CS Lewis (athée devenu Apologète Chrétien) dit que nous devons faire face à des alternatives distinctes par rapport au personnage (Lord, Lunatic, Liar) :

 

‘’Je voudrais ici prévenir quiconque souhaite faire une déclaration aussi stupide concernant Jésus à savoir : « Je veux accepter Jésus comme un grand professeur de moral, mais je ne l’accepte pas en tant que Dieu ». C’est quelque chose qu’il ne faut absolument pas répéter. Un homme qui serait seulement un homme et qui ferait des affirmations comme celles de Jésus ne saurait être un grand professeur de moral. Il serait un fou, sinon il serait le diable en personne, donc un menteur patenté. ‘’

 

Ainsi, Dr. Fils-Aimé a parfaitement raison sur ce point. Jésus est mort en tant que blasphémateur. Mais, en ce qui a trait à la première partie de sa déclaration à savoir que Jésus n’est pas mort pour ses péchés, c’est à lui de voir.

 

L’une des choses qui rend les hommes (et les anges) moralement parfaits est la liberté (libre-arbitre). Nous avons un choix réel concernant ce que nous disons ou faisons. Dieu nous a créé ainsi pour que nous soyons comme Lui, avec la capacité d’aimer librement.

 

Dieu ne peut pas forcer quelqu’un à l’aimer. Un amour forcé est une contradiction dans les termes. C’est comme parler d’un « célibataire marié ». L’amour doit être libre ; il résulte d’un choix délibéré.

 

L’amour est impossible sans la liberté. Être libre implique la faculté de choisir le bien ou de choisir le mal et aussi d’assumer les conséquences.

 

Jean Paul Sarthe disait dans sa pièce théâtrale Aucune Issue : « Les portes de l’enfer sont verrouillés de l’intérieur par le libre arbitre des Hommes ».

 

Jésus est mort pour nos péchés, en tant que notre substitut. Dr. Fils-Aimé a fait le choix de rendre nul à son égard la planche de salut qui lui est offerte en Jésus-Christ et Dieu respecte son choix.

 

Il importe au Dr. Fils-Aimé ou tout chercheur qui se respecte de consulter des sources dignes de foi et aussi les confronter avec d’autres arguments tant philosophiques que scientifiques avant de conclure de façon ex cathedra sur un sujet aussi complexe que la foi.

 

Lesly Jules, PhD

Apologète Chrétien

lesly.jules@biola.edu

Avril 2017

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Bibliographie

1. Merrill Unger. Archeology and the Old Testament. Grand Rapids, Zondervan Publishing House, 1954

 

2. F.F. Bruce. The New Testament Documents: Are They Reliable. Grand Rapids, Eardmans, 1960

 

3. Gary Habermas. The Verdict of History. Nashville, Thomas Nelson, 1988

 

4. Michel Guertin. Itineraires Philosophiques. 2nd Ed. Le Griffon d’Argile, 1987

 

5. William L. Craig. Reasonable Faith: Christian Faith and Apologetics. 3rd Ed. Crossway Books, 2008.

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